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Le Jeu du RoiReine, Symboles, Mythes et Archétypes

Le Jeu du Roi/Reine parce que, homme ou femme, nous sommes homme et femme, nous sommes le lieu primordial où le féminin et le masculin se rencontrent, s’embrassent, s’embrasent, s’entrelacent, se combattent, se consument, se construisent, s’élancent de la terre vers le ciel.

Mon intention dans cet article est de reprendre la symbolique du psychodrame Le Jeu du RoiReine pour une meilleure compréhension des archétypes et de la structure même du Jeu. Je vais le faire avec beaucoup d’illustrations qui peuvent avoir un impact profond sur votre Psyché, conscient et inconscient compris. S’il vous plait, posez-vous et prenez votre temps.

Mythes et symboles, pour quoi faire ? Et comment ?

Permettez-moi de vous inviter à faire une expérience avant d’élaborer davantage.

Regarder l’image du couple ci-dessus. Laissez-vous toucher.

Fermez les yeux : Quels sont les impressions, les évocations, les commentaires, et peut-être les jugements, qui émergent dans votre esprit ? Cette image soulève-t-elle des souvenirs et/ou des émotions agréables ou désagréables ? Laissez tout cela circuler en vous sans rien refuser, en simple spectateur de votre cinéma intérieur.

Prenez quelques respirations profondes, laissez l’image se dissoudre et sentez l’état d’être qui demeure en vous.

Par quel processus êtes-vous passé ? D’abord vous êtes entré en contact, en résonnance, avec une image symbolique potentiellement chargée affectivement, un couple qui semble s’aimer profondément et qui semble en paix. Cette image peut avoir servi de support pour évoquer des éléments de votre vie, le couple de vos parents, vos amours… éléments heureux ou difficiles, conflictuels, peut-être dramatiques, qui impactent encore votre positionnement amoureux aujourd’hui. Ce support bien activé et accepté peut vous aider à nettoyer et à guérir des aspects très profonds de votre vie psychique. Vous pouvez laisser ce support se dissoudre et l’oublier, une graine est semée, il fait son œuvre, une transformation intérieure se poursuit d’émergence d’aspects refoulés pour qu’ils réapparaissent à la conscience et puissent être guéris.

Le processus, déjà très riche, ne s’arrête pas là. Ce qui est touché au travers et au-delà de votre histoire personnelle, ce sont des réalités archétypales, le couple, la rencontre du masculin et du féminin, votre couple intérieur, votre rêve de couple extérieur. Ces réalités archétypales vous dirigent vers l’expérience d’un aspect essentiel, primordial de votre essence, et même des origines du monde, du divin, l’amour. Dans l’expérience avec le symbole, vous pouvez vous en approcher et l’appréhender en douceur.

Peinture de Romio Shrestha dans le livre Galerie céleste. Détail.

Regardez puis visualisez cette image pour qu’elle imbibe tout votre corps. Elle vous invite à intégrer en vous le féminin et le masculin, la ReineRoi ou le RoiReine, à un niveau encore plus profond et mystérieux que le couple précédent.

Les symboles, les mythes et les archétypes ont donc deux fonctions fondamentales : d’une part vous aider à rencontrer et à guérir des blessures anciennes ou actuelles difficilement accessibles, et, d’autre part, à vous préparer à une expérience d’aspects de votre essence tellement immenses qu’ils sont difficiles à aborder directement. C’est exactement ce qui se passe dans la symbolique des rêves qui ne peut être réellement bénéfique que par la contemplation et le ressenti. A ce niveau, l’analyse intellectuelle non ressentie de la symbolique des rêves pourrait bien affaiblir leur fonction transformatrice qui demande de s’arrêter et d’accueillir le cœur ouvert. L’analyse déplace vers le cerveau rationnel ce qui appartient au domaine de l’évocation et de l’intuition.

Revenons à la première statue symbolique que nous avons choisie. Avez-vous remarqué : Qui porte la couronne ? Qui porte le pendentif en forme de croix ? L’artiste les a attribuées à la figure masculine, la figure féminine n’étant pas couronnée. L’artiste est un homme qui est encore conditionné, même dans la meilleure de ses intentions. Le symbole, si magnifique soit-il, est tronqué par un conditionnement si vieux, si profond ! Un test pour savoir où vous en êtes. Si j’écris ceci :

Le Jeu de la Reine

Le Jeu de la Reine et du Roi

Le Jeu de la Reine/Roi

Que ressentez-vous ?

J’ai changé la prééminence du masculin par celle du féminin. Messieurs, accepteriez-vous de participer de gaieté de cœur à un processus de formation qui serait intitulé Le Jeu de la Reine, Le Jeu de la Reine et du Roi, ou Le Jeu de la Reine/Roi. Ressentez-vous la gêne provenant de la déstabilisation d’une habitude mentale, d’une convention ? Reste-t-il un vague sentiment de protestation ? Non, quand même pas jusque-là ! Bien sûr, il ne s’agit pas de remplacer la domination du masculin par celle du féminin. Alors, comment trouver l’équilibre, l’équité interne et externe entre ces deux polarités magnifiques et dynamiques ?

La symbolique dans le psychodrame lui-même

Dans la pratique du Jeu du Roi/Reine, six archétypes interpellent notre monde intérieur en jouant ensemble en spirales infinies de création, de dissolution et d’intégration vers de nouveaux états d’être. Vous pouvez utiliser la méthode précédente avec chacun des archétypes décrits pour rouvrir l’énergie de la part occultée qu’il représente et accéder à l’aspect de votre essence qui lui correspond.

l’Inconnu, ce qui est dans l’ombre, ce qui n’a pas encore ou ne peut pas émerger

Jung parlait de l’Ombre comme un des archétypes fondamentaux. Cette ombre est, pour lui, essentiellement opposée à notre identité consciente, ce qu’on appelle communément le moi. S’y trouve tout ce que à quoi nous ne pouvons nous identifier, ce que nous refusons d’admettre que cela peut faire partie de nous : jalousie, colère terreur, scénario malveillant etc… Pour ma part, j’en suis arrivé à une position très différente. L’ombre est ce qui ne peut émerger à la conscience, évidemment tout ce qui est vécu comme dangereux, le refoulé, mais aussi ce qui est tellement grand, puissant, lumineux, aveuglant même. C’est le grand mystère, la vacuité insondable et indescriptible, puissance illimitée, amour absolu sans aucun calcul. C’est la source pure à l’eau cristalline toujours jaillissante, qui nous lave et nous régénère. Cette source est obstruée dans son jaillissement, obscurcie, polluée par nos répressions, peurs, colères, jalousies, stress, chagrins qu’il nous faut décanter et nettoyer. Cette Source qui vient de l’obscurité des profondeurs de la terre, et qui, de plus, est obscurcie par nos occultations, va d’abord nous sembler être une ombre menaçante, voire terrorisante. Le bénéfice majeur de la pratique du JDRR pourrait bien être de réconcilier notre petit moi, la perception que nous avons de nous-même, avec cette Source. Cette réconciliation va nous permettre d’accueillir avec de moins en moins de crainte tout le matériel qui émerge de nos profondeurs pour les mettre en pleine lumière. Une énergie fabuleuse occupée par le processus d’occultation va être libéré et la source pure et lumineuse va couler en continu, nourrir tous les niveaux de notre être et permettre une croissance illimitée.

Peinture de Jung dans son dernier livre publié, L’homme et ses symboles

Méditez sur cette représentation archétypale créée par Jung. Oubliez la tendance à l’analyse : Que signifie le rouge, le serpent, les mots écrits, etc… ? Oubliez cela et laissez l’image vous pénétrer, vous imbiber, vous transformer. Les formes, les couleurs, la dynamique du mouvement ressentis en vous… Puis l’image se dissout d’elle-même dans une expiration profonde et relaxée. Ce qui reste…

Un de mes amis et partenaires Luc Blankaert me confiait que, pour lui, l’image évoquée pour l’Inconnu, la Source est celle du Big Bang. « Out of nothing », du sans chose, du sans forme, d’une vacuité insondable, indicible et indescriptible, jaillit l’énergie, la lumière, et finalement la matière et la vie sous des millions de formes. Et pour lui, ce jaillissement est joie, amour et paix. L’essentiel est dit : la source jaillissante, la mise en formes selon des réalités archétypales qui doivent se trouver d’une manière ou d’une autre dans la source elle-même, est accomplissement royal, joie, amour et paix. Cela rejoint un des mots sanscrits pour désigner la réalité ultime, Satchitananda, Être–Conscience–Extase.

Le Roi, La Reine, Reine/Roi

Accomplissement, réalisation de nos potentiels, intégration de notre véritable nature divine, notre essence conscience-amour, harmonie pacificatrice. Qui n’est possible qu’en mettant en lumière et en traversant, en transformant nos tendances à la prise de pouvoir tyrannique et destructrice sur les autres, la nature, le féminin, l’enfant…

Akhenaton

La Reine/Roi ou le Roi/Reine, disons, ce qui serait le plus juste : l’Androgyne complet et couronné, est le fruit en nous d’un long travail de maturation et de transformation. Deux aspects essentiels : l’intégration de nos polarités masculine et féminine d’une part, l’acceptation et l’actualisation consciente des archétypes de l’émergence et de l’action dans ce monde d’autre part. L’Androgyne est Guerrier, Bâtisseur, Sage et Artiste. Bien sûr, ces archétypes se vivent dans une infinité de variantes et de mixtes riches et nuancés. L’androgyne les contient tous et est capable de les mobiliser au bon moment.

Nefertiti

Le guerrier, la guerrière. Notre puissance, notre droiture, notre lucidité, notre courage, chevalier au cœur pur au service de la Dame : le féminin sacré. Le protecteur, l’amazone… En prenant conscience, en acceptant et en transcendant notre propre violence qui peut terrifier, abuser, piller, violer de tant de manières directes ou indirectes.

Photo couverture du livre Africa de Leni Riefenstahl

Devenir le guerrier, entrer en guerre, cela signifie-t-il rejoindre une croisade ? Entrer en guerre signifie entrer dans le grand combat mythique entre l’ombre et la lumière en soi et le dépasser. L’arme ultime, l’épée de lumière, est la conscience elle-même. J’ose regarder en mon corps, mon âme, mon esprit, tout ce qui s’y passe, le moindre ressenti, la plus petite pensée qui passe comme un éclair, sans complaisance, simplement tel quel. Les malaises physiques, les passions, colères, jalousies, l’avidité, l’arrogance, la prétention du savoir… Partout où je mets la conscience, la victoire est acquise, l’obscurité se dissipe, et cela dans une relaxation de plus en plus totale.

Ce qui demeure : protection, centrage, volonté et action, droiture, courage, verticalité physique et psychique, lucidité. Tous ces aspects sont des qualité de notre essence. Nous pouvons faire face à la brutalité et à l’ignorance du monde qui nous entoure. Nous savons choisir nos amis et, avec eux vivre déjà, maintenant, un monde nouveau d’amour et d’entraide. Derrière les masques et les rôles, il y a des êtres humains égarés, aveuglés, conditionnés, qui font de leur mieux. Cela ne signifie pas, bien sûr, tomber dans le bisounours. Le guerrier est là, lucide et implacable en même temps qu’à l’écoute de son cœur. Il choisit l’action juste dans le brouillard des infos et des situations diverses. Il est une ressource au service de Satchitananda, être-conscience-joie. En chemin… La parole vraie est son arme de prédilection.

Le bâtisseur

Visionnaire et technicien, il pourvoit aux besoins de tous, il organise, construit, répartit les fruits de son travail. Sans se laisser posséder par l’irresponsable en nous qui fait travailler les autres, les exploite et les vole du fruit de leur labeur ! Ce qu’il révèle de notre essence ? La capacité à penser et à construire. Cela rejoint Dieu en tant que le grand architecte de l’univers. C’est l’intelligibilité, l’ordre de l’univers des structures de l’atome à la complexité foisonnante de la vie dans une harmonie fantastique. C’est notre capacité en tant qu’humain à participer à cette créations. Nous reconnaissons que nous sommes nous-mêmes force créatrice.

Le sage, le saint

Il rappelle aux hommes la transcendance, le sens, la force du silence et de la compassion. En accueillant et déjouant celle ou celui qui croit savoir et qui ne cesse de prêcher sa vérité à son entourage. Actuellement les statues de Bouddha se multiplient dans notre environnement. Je pense que le choix de ces statues comme faisant partie de notre environnement est le signe d’un besoin profond de l’homme moderne de sérénité, d’immobilité, de paix dans un monde hallucinant de pression, de tension, d’hyperactivité. Il a été dit que dans une bonne image qui représente la sagesse, nous percevons toute la paix, mais aussi toute la douleur du monde.

Photos de l’auteur d’une icône d’artiste inconnu achetée dans un salon bien-être. Gravée sur shungite.

L’artiste

Un cœur ouvert, sensible à la beauté et à l’émotion, lieu d’émergence des mythes fondateurs de la société des humains. Sans se laisser déborder par l’imaginaire déconnecté qui détruit les harmoniques de la vie. Les qualités essentielles de cet archétype, l’être sensible, celui qui ressent l’émotion, qui résonne à celle de l’autre, et qui peut l’exprimer et la partager autrement que par la rationalité des mots, le chant, la danse…

Tous ces archétypes évoluent en spirales qui se cherchent, de la Source à l’accomplissement, en vérité de l’amour à l’amour, en passant par le kaléïdoscope de l’expérience humaine. Pourquoi ? Nul ne le sait, l’univers reste silencieux à nos questions. Et pourtant une réponse existentielle est là au fond de notre cœur. Dire oui ou dire non à l’expérience de vie ici et maintenant ! Être, sentir, répondre de tout notre cœur, de toute notre âme…

Se situer à sa juste place

Sommes-nous conscient de notre valeur intrinsèque. L’existence de chacun, depuis la galaxie jusqu’au plus petit brin d’herbe, en passant par vous et moi, tout est précieux, tout est relié selon les lois de l’hologramme. Chaque fois que quelqu’un vit une transformation, plus de conscience, plus d’amour, tout l’univers est impacté. C’est la contribution du colibri. Sans « grandiosité », juste à sa place, accepter consciemment ce que je suis, ma splendeur et ma puissance. Dans le langage chrétien, fils du père, cohéritier du fils, reconnaître sa nature divine.

Dominique Vincent